Le pays de Porzay qui s’étend depuis le Ménez-Hom au nord et la forêt de Nevet au sud était jadis couvert de bois et de nombreux sanctuaires celtes. Aujourd’hui, le souvenir d’anciens cultes subsiste dans les deux grands pèlerinages que sont celui de Sainte-Anne-de-la-Palud et la troménie de Locronan, sans oublier celui de Saint Corentin à Plomodiern.
La première chapelle fut bâtie au début du Vème siècle, dans les marais. La palud, signifiant en effet le marais, disparut avec la montée du niveau de la mer qui engloutit, non loin d’ici, la ville d’Ys.
Ce sanctuaire primitif a été recouvert par le sable. La chapelle actuelle, la troisième fut bâtie au XIXème siècle. Elle donne lieu encore à un pèlerinage suivi par des milliers de fidèles.
Pour le culte voué à Sainte Anne, on se reportera à Sainte-Anne-d’Auray, en Morbihan. "Santa Ana Goz", la grand-mère et la patronne des bretons, a ses origines dans la mythologie celtique : Ana, mère des dieux, déesse de la fécondité, était la mère de tous les hommes. Elle était honorée en Irlande et il n’y a rien d’étonnant, quand on connaît les liens entre l’Eire et l’Armorique, de voir en ce lieu la dévotion pour Ana de la Palud.
Déesse aussi du monde souterrain, de l’au-delà, dont le marais est l’image, elle était considéré comme présidant le passage entre ce monde et l’au-delà. Ana devenait donc la protectrice des morts. Les Chrétiens, en la donnant comme grand-mère de Jésus n’ont fait que perpétuer ces croyances à travers les âges, dans les rites et les prières : on s’adresse à sainte Anne : "Mamm goz ar Vretoned", pour les morts. (Une chapelle de la basilique, à Sainte Anne d’Auray, est dédiée à sainte Anne-des-Défunts !)
D’après la légende, la source aurait jailli lorsque Jésus, accompagné de Jean, est venu voir sa grand-mère avant d’être crucifié. Il aurait enfoncé son bâton de route dans le sol aride de la dune.
En contrebas de la route, l’eau sort dans un petit bassin au-dessus duquel se dresse un socle étroit et haut, surmonté de la statue de Sainte Anne tenant à ses côtés la Vierge.
A quelques mètres plus bas, l’eau se déverse dans une vasque circulaire où les pèlerins, pieds nus, pratiquaient leurs ablutions.
Sainte Anne, comme saint Yves, était invoquée pour toutes les maladies, en particulier le jour du pardon que l’on célèbre encore le dernier dimanche d’août. Mais c’est surtout pour soigner les rhumatismes que de vieilles mendiantes puisaient de l’eau sacrée avec des cruches et les tendaient aux pèlerins. Ceux-ci devaient faire couler l’eau le long de leur membre malade. On offrait autrefois une quenouille de lin, pour remercier sainte Anne-de-la-Palud.
Source : Le Chemin des Fontaines, Roger LE DEUNFF, Editions DANCLAU, 1996, p.53
Cette fontaine de construction simple date de 1871, elle a remplacé un édicule de 1644. Elle se trouve située en contre bas de la chapelle.
Le Pardon du dernier dimanche d’août, avec celui de Sainte-Anne d’Auray, est l’un des plus grands de Bretagne. Il se déroule sur trois jours et rassemble (plus de 10.000 personnes). Les Bretons ont pour Sainte-Anne une dévotion sans équivalent.
En ces lieux les légendes sont tenaces. N’est-ce pas sur la plage que fut recouverte la première chapelle ? Ensevelie également la ville d’Ys ? Le roi Gradlon se serait réfugié sur le Menez-Hom, voisin de Plonevez Porzay. Enfin le Christ aurait fait jaillir la fontaine avec un bâton.
Aujourd’hui les Pardons passent encore à la fontaine. Malheureusement cette eau autrefois vénérée est parfois polluée. Par le passé les hommes venaient y trouver des forces, et les femmes qui souhaitaient avoir des enfants se versaient de l’eau dans le cou.
Cette fontaine est située sur le parcours de la Grande Troménie.
Source : https://www.fontainesdefrance.info/fontaines/la-fontaine-sainte-anne-la-palud/
