Bélier hydraulique de Manéhouarn - Plouay. Patrimoine lié à l’eau
(Glad àr-dro d’an dour ha tourterez dre zour e Manehouarn Ploue)
En 1551, Guillaume de Pluvié, cadet de Kerdreho, bâtit à Manehouarn (en breton « colline qui garde ») un manoir dominant le bourg. Il construit un moulin à céréales sur le ruisseau de Kerscoulig. Encore affermé aux Le Luhandre entre 1763 et 1783 pour 150 livres et 6 canards par an, son étang est comblé vers 1793, mais les anciens noms des parcelles (park ar velin...) indiquent qu’il se situait en aval au niveau de la tête de l’étang.
Peut-être en mauvais état et peu rentable, son abandon a surtout un lien avec la restructuration du domaine par Jean de Pluvié et ses successeurs qui édifient un château de plaisance (1758) avec chapelle et communs, ouvert sur un jardin à la française au sud, sur le Kerscoulig au nord (fontaine, murs canalisant le ruisseau, canaux enterrés...). Dès 1792, l’accès au domaine ne se fait plus par le moulin à l’ouest, mais par la nouvelle allée à l’est.
Entre 1850 et 1910, ils agrandissent le château et creusent un étang d’agrément avec « maison à bateau »>. Le vivier (réserve de poisson), déjà là en 1727, est remplacé par un ensemble fontaine lavoir buanderie. Passionnés d’agronomie, les de Pluvié rentabilisent l’usage de l’eau sur leur ferme (37 ha) et disposent en 1856 de prairies irriguées (7 ha dont l’arrosage en hiver réchauffe la terre et favorise une pousse précoce).
L’approvisionnement en eau domestique, jusque-là assuré par un puit, les fontaines et les eaux pluviales évacuées jusqu’à un puisard, va être révolutionné par l’installation vers 1900 d’un bélier hydraulique Bollée, apportant l’eau courante aux habitations, à la vasque de la cour et aux deux fontaines des jardins.
Mécanique, ce système est protégé par un bâtiment circulaire autrefois coiffé d’un toit en poivrière couvert de tuiles. Semi-enterré et partiellement immergé, le bélier est installé plus bas que la source (1) qui l’alimente pour créer une chute. Canalisée et filtrée, l’eau arrive dans une cloche en poussant un clapet et comprime l’air qui y est contenu (pompe à air) (2)
L’air se détend, pousse l’eau dans la conduite enterrée montant au château d’eau (3) et referme le clapet. Les eaux motrices perdues sont évacuées vers le ruisseau (4). Le mouvement se répète, provoquant un bruit sec, acheminant l’eau jusqu’à la réserve au pignon de la remise à carrosses (5).
Ce principe, inventé par Joseph de Montgolfier en 1796, fut commercialisé par l’entreprise Bollée du Mans qui, forte de son expérience de saintier (cloches), installa 1 800 béliers entre 1870 et 1914. Réalisé sur mesure, aménagé et entretenu par le fabriquant, le bélier de Manehouarn n’est pas unique à Plouay. Au 20e siècle, St-Quidic, Kerguescamf, Le Guerveur, Kerham... en étaient pourvus. Certains fonctionnent encore.